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alain de benoist - Page 76

  • Sexe(s) et genre(s) ?...

    Le numéro 41 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, vient de paraître. Le thème retenu est celui du débat  autour du sexe et du genre... Avec ce numéro, la revue devrait prendre un rythme trimestrielle.

    Vous pouvez la commander sur le nouveau site de la revue Krisis ou sur le site de la revue Eléments.

    Bonne lecture !

     

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    Très à la mode outre-Atlantique depuis les années 1970, la question du genre s’est réellement invitée dans les débats hexagonaux à partir de 2013, lorsque Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, voulut mettre en place son fameux « ABCD de l’égalité ». Il s’agissait pour elle d’expérimenter dans les écoles un programme de lutte contre le sexisme et les stéréotypes de genre. L’idée générale était d’éduquer à l’égalité et au respect entre les filles et les garçons.

    Si personne ne songe évidemment à contester l’importance d’une meilleure entente entre les sexes, ou même d’une plus grande équité à l’égard des femmes, les critiques n’en ont pas moins rapidement fusé contre cette mesure ministérielle, y compris à gauche : Sylviane Agacinski et Michel Onfray, parmi beaucoup d’autres, se sont opposés à certains excès des « théories du genre ». La plupart des intellectuels qui critiquent ces théories acceptent tout à fait l’idée que nous suivons partiellement des codes de genre (masculins ou féminins), sous la pression du contexte socio-culturel dans lequel nous baignons. Mais cela n’implique pas que nous soyons hommes ou femmes par pur conditionnement social ; et la place de l’inné dans la prise en compte du phénomène humain devrait être au contraire réhabilitée.

    Le public français n’a découvert les études de genre qu’assez tard et continue d’en avoir une connaissance approximative. Même le monde universitaire s’est montré plutôt indifférent, en comparaison de la déferlante des « gender studies » anglo-saxonnes. Qu’elle que soit l’opinion portée sur ce champ disciplinaire, une telle méconnaissance reste dommageable, dans la mesure où l’on ne peut cautionner ou réfuter avec intelligence que ce que l’on comprend. Les textes proposés dans ce numéro de Krisis tentent donc d’aborder avec nuance ces différentes problématiques, qui méritent bien sûr d’être traitées d’une manière précise et honnête, loin des emportements partisans de toute sorte.

    Au sommaire de la revue :

    Maurice Godelier / De la différence entre le masculin et le féminin et entre l’homme et la femme.

    Nancy Huston / Hommes en désarroi.

    Alain de Benoist / Les femmes selon Raymond Abellio.

    Entretien avec Jean-Paul Mialet / Le déni des différences sexuelles et ses conséquences sociales.

    David L’Epée / La performance de genre : une parodie sans modèle.

    Yves Christen / Une guerre des sexes dans le cerveau.

    Jacques Balthazard / L’orientation sexuelle est aussi une affaire de biologie.

    Thibault Isabel / Le sexe exclut-il le genre ? Réflexion sur l’inné et l’acquis dans l’identité homosexuelle.

    Yves Ferroul / Femmes et sexualités dans le bassin méditerranéen.

    Entretien avec Agnès Giard / Le sexe au Japon.

    Thibault Isabel / Le problème de la séparation des sexes à travers l’histoire. Hommes et femmes doivent-ils être complémentaires ou semblables ?

    Michel Lhomme / L’androgyne.

    Le texte : Mircea Eliade / Dieu-le-Père, Terre-Mère et hiérogamie cosmique. (1957)

    Françoise Bonardel / La crise de l’identité culturelle européenne.

     

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  • Hommage à Emmanuel Ratier...

    Le directeur et principal rédacteur de la Lettre d'information Faits & Documents, Emmanuel Ratier, est décédé le 19 août dernier, à l'âge de 57 ans, alors qu'il faisait de la spéléologie. Ses amis ont publié, en son hommage, un numéro spécial de sa lettre, qui continuera à paraître.

    Un hommage public lui a également été rendu le 19 septembre, à Paris, devant plus de huit cents personnes.

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     " Un numéro de Faits et Documents, entièrement consacré à Emmanuel Ratier, a été réalisé sous la direction d’Arnaud Soyez (le directeur de la production de TV Libertés) .

    Il regroupe de textes d’amis proches d’Emmanuel Ratier ou de personnalités qui ont manifestés le désir de lui rendre un dernier hommage.

    Vous trouverez ci-après le sommaire.

    Vous pouvez vous en  procurer un exemplaire (8€) à la librairie Facta4 Rue de Clichy, 75009 Paris

    téléphone : 01 48 74 59 14 "

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  • « Migrants : les interventions « humanitaires » ne font en général qu’aggraver les choses »...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la crise migratoire...

     

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    « Migrants : les interventions « humanitaires » ne font en général qu’aggraver les choses »

    La photo de cet enfant syrien échoué sur la plage serait-elle en passe de retourner les opinions européennes ? En notre époque de « storytelling », il s’agit apparemment de montrer que l’affaire des migrants est un « drame humain »

    Bien sûr que c’est un « drame humain ». Il faut avoir le cœur sec ou être aveuglé par la haine pour ne pas s’en rendre compte. Des musulmans menacés par l’islamisme djihadiste, des familles entières qui fuient un Proche-Orient déstabilisé par les politiques occidentales, c’est un « drame humain ». Mais c’est aussi une affaire politique, et même géopolitique. Il s’agit alors de savoir quels rapports doivent exister entre le politique et l’humanitaire. Or, l’expérience montre que les interventions « humanitaires » ne font en général qu’aggraver les choses. Et que la domination des catégories politiques par les catégories morales est l’une des causes majeures de l’impuissance des États.

    Le tsunami migratoire auquel nous sommes en train d’assister ne fait lui-même qu’ajouter au désastre. On a d’abord calculé en milliers de réfugiés, puis en dizaines de milliers, puis en centaines de milliers. Plus de 350.000 migrants ont franchi la Méditerranée ces derniers mois. L’Allemagne a accepté d’en recevoir 800.000, soit beaucoup plus qu’elle n’enregistre de naissances chaque année. On est loin de l’immigration interstitielle d’il y a trente ans ! Face à ce déferlement, les pays européens ne se demandent qu’une chose : « Comment les accueillir ? », jamais : « Comment les empêcher d’entrer ? » Laurent Fabius trouve même « scandaleuse » l’attitude des pays qui veulent fermer leurs frontières. En sera-t-il de même quand les entrées se compteront par millions ? Les politiques continueront-ils à se préoccuper des innombrables « drames humains » qui se produisent dans le monde plus que du bien commun de leurs concitoyens ? Toute la question est là.

    Au-delà de l’émotion déclenchée par le « choc des photos », quels sont les arguments employés par ceux qui veulent nous convaincre du bien-fondé des migrations ?

    Ils se déploient sur deux registres : les arguments moraux (« ce sont nos frères, nous avons une obligation morale envers eux ») et les arguments économiques (William Lacy Swing, directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations : « Les migrations sont nécessaires si l’on veut que l’économie prospère. »). Les premiers, qui confondent la morale personnelle et privée avec la morale politique et publique, relèvent du même universalisme que les seconds. Ceux qui les emploient pensent qu’avant d’être des Français, des Allemands, des Syriens ou des Chinois, les individus sont d’abord des « êtres humains », c’est-à-dire qu’ils appartiennent de façon immédiate à l’humanité, alors qu’ils n’y appartiennent en réalité que de façon médiate, en tant que membres et héritiers d’une culture donnée. Pour eux, le monde est peuplé de « personnes » abstraites, hors-sol, dont la principale caractéristique est d’être interchangeables. Quant aux cultures, ils n’y voient que des épiphénomènes. C’est ce que disait Jacques Attali à la revue Cadmos en 1981 : « Pour moi, la culture européenne n’existe pas, elle n’a jamais existé. »

    Le département des affaires économiques et sociales des Nations unies vient de publier un rapport selon lequel, dans les pays européens, la baisse de la natalité fait que « le déclin de la population est inévitable en l’absence de migration de remplacement ». Il y est indiqué que « pour l’Europe dans son ensemble, il faudrait deux fois le niveau d’immigration observé dans les années 1990 », faute de quoi l’âge du départ à la retraite devra être repoussé à 75 ans. L’Europe vieillit, l’immigration va la sauver : voilà une parfaite illustration de l’idée que les hommes sont interchangeables quelle que soit leur origine, et que les impératifs économiques doivent primer sur tous les autres. La morale des « droits de l’homme » n’est qu’un habillage des intérêts financiers.

    Précisément, il y a aussi l’aspect démographique. Vous connaissez ces mots de l’ancien président algérien Houari Boumédiène, que les gens de droite ne se lassent pas de citer : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » Grand Remplacement ?

    Selon les uns, Boumédiène aurait tenu ces propos en février 1974 au 2e sommet islamique de Lahore, au Pakistan ; selon les autres, le 10 avril 1974 à la tribune de l’ONU. Cette incertitude est déjà révélatrice, d’autant que le texte intégral de ce prétendu discours n’a jamais été produit par personne. Houari Boumédiène, qui n’était pas un imbécile, savait par ailleurs très bien que le Proche-Orient se situe dans l’hémisphère nord, et non dans l’hémisphère sud ! Il y a donc de très bonnes chances pour qu’il s’agisse d’un texte apocryphe.

    En ce domaine, il est plus sûr d’écouter les démographes. La population du continent africain a bondi de 100 millions d’habitants en 1900 à plus d’un milliard aujourd’hui. Dans les années 2050, soit dans trente-cinq ans seulement, les Africains seront entre deux et trois milliards ; ils dépasseront les quatre milliards à la fin du siècle. Même si les rapports démographiques ne se ramènent pas à un simple phénomène de vases communicants, il faut être naïf pour imaginer que cette prodigieuse croissance démographique, que nous avons nous-mêmes favorisée, n’aura pas d’incidence sur les migrations futures. Comme l’écrit Bernard Lugan, « comment espérer que les migrants cesseront de se ruer vers un “paradis” européen non défendu et peuplé de vieillards ? » Grand Remplacement ? Personnellement, je parlerais plutôt de Grande Transformation. Le Grand Remplacement, à mon avis, ce sera le remplacement de l’homme par la machine, en clair la substitution de l’intelligence artificielle à l’intelligence humaine. Un danger plus réel qu’on ne le croit.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 9 septembre 2015)

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  • Lutte contre le terrorisme islamique : une guerre de civilisation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré aux déclarations claironnantes et incohérentes de Manuel Valls sur la guerre de civilisation...

     

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    « Choc des “civilisations” ? Entre grande farce et immense malentendu… »

    À propos de la lutte contre le terrorisme islamiste, Manuel Valls évoquait récemment un « choc de civilisations ». Que voulait-il dire par là ? Le Premier ministre serait-il devenu un disciple de Samuel Huntington ?

    Le 28 juin, sur France Inter, Manuel Valls a en effet déclaré que la lutte contre le terrorisme islamiste correspond à une « guerre de civilisation ». Civilisation au singulier ou au pluriel ? Il y a en fait trois hypothèses. La première est qu’aux yeux du Premier ministre, l’État islamique représente une « civilisation ». Écartons-la d’emblée, tant elle est absurde. Deuxième hypothèse : Valls s’aligne en effet sur Huntington. Dans son livre paru en 1996, où il prenait acte de l’effondrement du système soviétique, celui-ci soutenait que les guerres à venir ne seraient plus idéologiques comme à l’époque de la guerre froide, mais religieuses comme au temps des croisades. Ce serait des guerres entre grandes « aires culturelles ».

    Comme vous le savez, les critiques contre cette thèse n’ont pas cessé de s’accumuler. En ramenant les conflits actuels à des enjeux culturels et religieux, elle fait bon marché de leurs dimensions économiques et politiques. En traitant les civilisations comme des « blocs », elle oblitère les divergences d’intérêt entre les Européens et les Américains, tout comme elle dissimule l’opposition entre chiites et sunnites, qui seule permet de comprendre ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. Elle nourrit en fait une vision binaire que les néoconservateurs américains se sont empressés de reprendre à leur compte, et que George Bush n’a pas hésité à alléguer pour faire la guerre en Irak. Mais en ce cas, comment Manuel Valls peut-il prétendre en même temps qu’il ne prône « nullement une guerre entre l’islam et l’Occident » ? Et comment peut-il dire qu’il veut en finir avec le djihadisme alors que son gouvernement vend des armes à l’Arabie saoudite et au Qatar, qui le subventionnent dans le monde entier ? Incohérence ?

    Reste la troisième hypothèse. C’est celle que l’entourage du Premier ministre s’est efforcé d’accréditer : « Ce n’est pas une guerre de civilisations au pluriel. C’est une guerre entre la civilisation humaine et la barbarie », a ainsi déclaré Bernard Cazeneuve. La « civilisation » renverrait à des « valeurs universelles partagées par tout le monde ». Le problème, c’est qu’il n’y a pas de « civilisation humaine », et que les valeurs « universellement partagées » sont tout aussi mythiques. On tombe alors de Charybde en Scylla.

    Pourquoi cela ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la « civilisation » est un terme qui appartient au vocabulaire des temps modernes : on n’en trouve aucune trace dans l’Antiquité ni au Moyen Âge. Et c’est un terme fortement ethnocentré. C’est ce que constatait Jacques Bainville quand il écrivait : « Le mot de civilisation, dont nos ancêtres se passaient fort bien, peut-être parce qu’ils avaient la chose, s’est répandu au XIXe siècle sous l’influence d’idées nouvelles. La conception du progrès indéfini, apparue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, concourut à convaincre l’espèce humaine qu’elle était entrée dans une ère nouvelle, celle de la civilisation absolue […] La civilisation, c’était donc le degré de développement et de perfectionnement auquel les nations européennes étaient parvenues au XIXe siècle […] La civilisation, c’était en somme l’Europe elle-même, c’était un brevet que se décernait le monde européen. » C’est au nom de cette civilisation-là que l’Occident, au cours de son histoire, n’a cessé de vouloir convertir le reste du monde à ses valeurs propres, en les posant à tort comme « universelles », ce qui revenait à considérer que toutes les autres cultures du monde n’étaient qu’inculture, arriération ou barbarie.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 16 août 2015)

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  • De l'individualisme à l'égocentrisme narcissique...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré au passage de la modernité à la postmodernité...

     

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    « Avec la postmodernité, l’individualisme se mue en égocentrisme narcissique… »

    Modernité… Tous les médias n’ont plus que ce mot à la bouche. Il faut être moderne, nous dit-on, « parce qu’on n’arrête pas le progrès ». Au fait, ça veut dire quoi, la « modernité » ?

    La modernité est une des catégories fondamentales de la sociologie historique et de la politologie contemporaines. Étudiée par une multitude d’auteurs, elle va très au-delà de ce qu’on appelle en général la modernisation (industrielle et postindustrielle). Elle trouve ses racines à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, et s’épanouit à partir du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle. Elle se caractérise par la montée des classes bourgeoises, qui imposent progressivement leurs valeurs au détriment des valeurs aristocratiques et des valeurs populaires, et par la naissance de l’individualisme.

    Sous l’influence de l’idéologie du progrès, rendue possible par l’essor des sciences et des techniques, s’affirme à l’époque moderne une confiance de principe dans les capacités de l’homme à gérer « rationnellement » son destin. Le passé et la tradition perdent dès lors leur légitimité, de même que les formes sociales d’appartenance traditionnelle et communautaire. L’hétéronomie par le passé est remplacée par l’hétéronomie par le futur, c’est-à-dire la croyance que demain sera nécessairement meilleur (les « lendemains qui chantent »). C’est l’époque où se déploient à la fois les philosophies du sujet et les grands systèmes historicistes, qui prétendent déceler un « sens de l’Histoire » assuré dont l’accomplissement mènerait le monde à son idéal. Sur le plan politique, le grand modèle est celui de l’État-nation, qui s’affirme au détriment des logiques féodale et impériale. Les frontières suffisent à garantir l’identité des collectivités, et servent de tremplin à des tentatives d’universalisation des valeurs occidentales, par le biais notamment de la colonisation. L’Église, de son côté, perd peu à peu le pouvoir de contrôle de la société globale qu’elle possédait autrefois.

    Mais cette modernité, on y est toujours ou on en est sortis ? Quid de la « postmodernité » ?

    La postmodernité ne s’oppose pas à la modernité, mais la dépasse tout en la prolongeant sur certains plans (on parle alors d’« ultra-modernité » ou encore d’« hypermodernité », au sens où l’on parle aussi d’hyperterrorisme, d’hyperpuissance, d’hypermarchés, etc.). Son avènement, à partir des années 1980, s’explique par le désenchantement du monde engendré par la désagrégation des « grands récits » historicistes, elle-même consécutive à l’effondrement des dogmes religieux et à l’échec des utopies révolutionnaires du XXe siècle.

    Dans le monde postmoderne, on assiste à une dissolution généralisée des repères traditionnels, qui entraîne une fragmentation, voire une atomisation de la société civile, en même temps qu’une fragilisation des identités individuelles et collectives, elle-même génératrice de comportements anxiogènes et de poussées de « phobies » paniques. L’individualisme se mue en égocentrisme narcissique, tandis que les rapports humains extra-familiaux se réduisent à la concurrence ou à la compétition régulée par le contrat juridique et l’échange marchand. L’hédonisme s’appuie sur la consommation de masse (on consomme d’abord pour se faire plaisir plutôt que pour rivaliser avec autrui) pour viser avant tout au bien-être et à l’épanouissement personnel. Les disciplines contraignantes et les normes prescriptives s’effondrent, l’autorité sous toutes ses formes est discréditée, et l’art s’émancipe des règles de l’esthétique. On assiste aussi à un éclatement des cadres temporels, qui se traduit par le culte du présent au détriment de toute volonté de transmettre. Sur le plan politique, la gouvernance se ramène de plus en plus à la gestion, l’État-nation est débordé par le haut (emprises planétaires) et par le bas (renaissance des communautés locales), et les frontières ne garantissent plus rien.

    La postmodernité correspond à ce monde « liquide » théorisé par Zygmunt Bauman, où tout ce qui était durable et solide semble se désagréger ou se liquéfier. C’est un monde de flux et de reflux, un monde de mouvances migratoires néo-nomades, caractérisé par le désinstitutionnalisation et la déterritorialisation des problématiques. Sous l’effet d’une logique économique qui a balayé tout idéal de permanence s’instaure le règne de l’éphémère et du transitoire, dans la production et la consommation des objets, tout comme dans les comportements, comme en témoignent la fin des engagements politiques de type sacerdotal, la désaffection des églises, des syndicats et des partis. La foi religieuse est privatisée, on se compose des croyances à la carte, et tous les modes de vie deviennent socialement légitimes. La vogue de l’idéologie des droits de l’homme et la croyance au pouvoir régulateur du marché se conjuguent pour légitimer la promotion des droits et l’affirmation de la « liberté des choix », tandis que l’explosion de la logique du marché entraîne la commercialisation de tous les modes de vie. Deux mots anglo-saxons résument bien cette tendance générale : le « selfie » et le « zapping », autrement dit l’obsession de soi et la volatilité des comportements, qu’ils soient électoraux ou amoureux.

    Avec l’actuelle réforme de l’école, l’éternelle querelle entre les « Anciens » et les « Modernes » reprend du poil de la bête. L’enseignement du grec et du latin, c’est moderne, postmoderne ou archaïque ?

    Ce n’est rien de tout cela. Car le grec et le latin, tout comme ce qui est de l’ordre de la culture authentique, ne sont ni d’hier ni de demain, mais de toujours !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard voltaire, 18 juillet 2015)

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  • Une Bible pour les céliniens...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de publier une Bibliographie internationale de l’œuvre de Céline, signée par Alain de Benoist. Directeur des revues Nouvelle Ecole et Krisis et auteur de nombreux essais, Alain de Benoist poursuit avec cette ouvrage le travail de bibliographe qu'il avait entrepris avec son impressionnante Bibliographie générale des droites françaises (Dualpha, 2005), en quatre volumes.

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    " Louis-Ferdinand Céline est aujourd’hui, avec Marcel Proust, l’auteur français le plus lu et le plus commenté dans le monde : plus de 500 livres et plus de 800 thèses universitaires lui ont déjà été consacrés. Il est aussi le seul qui fasse l’objet de trois publications périodiques : Le Bulletin célinien, L’Année Céline et les Études céliniennes. Son livre le plus célèbre, Voyage au bout de la nuit, a été traduit à ce jour dans 37 langues différentes. Une importante bibliographie célinienne, due à Jean-Pierre Dauphin et Pascal Fouché, avait été publiée en 1984, soit il y a déjà plus de trente ans. Depuis, la matière s’est accrue dans des proportions énormes. Cette nouvelle bibliographie est un travail rigoureusement exhaustif, qui recense méthodiquement toutes les publications de Louis-Ferdinand Céline : éditions générales, livres indépendants, correspondance, préfaces, entretiens, recueils, anthologies, etc. Chaque ouvrage fait l’objet d’une présentation détaillée. La littérature secondaire relative à chaque titre, ainsi que le secteur audiovisuel, ne sont pas oubliés. Une attention toute particulière a été portée à l’œuvre de Céline publiée à l’étranger. Les traductions sont elles aussi systématiquement recensées. L’ouvrage ne s’adresse pas seulement aux « céliniens », mais à tous ceux, aujourd’hui de plus en plus nombreux, qui s’intéressent à Céline et travaillent sur son œuvre. "

     

     

     

     

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